Programme du Colloque



XVIIIème Colloque de l'Aidelf

Dorothée Serges Garcia Ined, GTM-CRESPPA, France

Migrations frontalières, aides sociales et transformations des familles surinamaises, haïtiennes et brésiliennes de Guyane

Résumé:
La Guyane, est aujourd'hui, avec Mayotte, la région française qui compte, la plus forte proportion d'immigrés sur son territoire. Au recensement de 2012, sur une population de 237 550 habitants, la Guyane compte 66 669 immigrés, soit 37 % de sa population. Les Surinamais (38,3 %), les Haïtiens (25,1 %) et les Brésiliens (24,6 %) représentent à eux trois 88 % des immigrés résidant en Guyane. Les femmes représentent 50,9 % des immigrées de Guyane mais seulement 46,7 % des Brésiliens contre 50,7 % des Surinamais et 55,2 % des Haïtiens. Les études sur les familles immigrées en Guyane sont rares et inexistantes lorsqu'on les comprend à l'aune du contexte social à l'intérieur duquel elles s'insèrent. En effet, l'insertion des différentes familles tient compte de leur structure initiale ainsi que des transformations consécutives à leur arrivée, liées aux politiques sociales mises en place au moment de la départementalisation. Il n'y a donc pas de famille guyanaise type mais plutôt une myriade de reconfigurations, où le mélange des cultures domine le paysage démographique et où les comportements familiaux sont propres aux diverses populations. Notre communication s'articule autour de trois parties. La première est focalisée sur les rencontres avec les administrations, et plus spécifiquement sur les pratiques de guichet à l'?uvre, (obtention de titres de séjour, d'allocations familiales, accès au logement). On s'interroge sur les sur-recours et non-recours aux systèmes de protection et d'aides sociales comme autant d'éléments déterminants la qualité de leur insertion socioéconomique. La seconde partie est focalisée sur les formes de partenariat établis entre les aides sociales et les familles migrantes, plus spécifiquement les femmes, à travers l'analyse des trajectoires d'informalités et la mise en place de stratégies alternatives de production de revenus. L'insertion socioéconomique dépend alors des réseaux d'interconnaissance constitués et suppose une analyse des rapports interethniques à l'?uvre dans la société guyanaise. Plus largement, la troisième partie se focalise sur la réorganisation de ces familles migrantes du Sud vers un Nord, partenaires des politiques sociales, dans un contexte postcolonial, et sur la qualité de ces transformations, à l'intersection des rapports de genre/race/classe. On établira une comparaison avec d'autres départements d'outremer, Mayotte notamment.

Familles en migration
vendredi 24 juin 2016