Programme du Colloque



XVIIIème Colloque de l'Aidelf

Eric Stève Tamo Mbouyou MINEPAT, Cameroun
Eric Stève Tamo Mbouyou (MINEPAT, Cameroun) Théophile Armand Fopa Diesse (MINEPAT, Cameroun)

Planification familiale et besoins non satisfaits en Afrique Subsaharienne : influences relatives des politiques et des changements démographiques

Résumé:
Avec une moyenne de 5,1 enfants par femme, l'Afrique subsaharienne présente l'un des taux de fécondité les plus élevés et la croissance de la population la plus rapide au monde. La transition de la fécondité amorcée depuis trois ou quatre décennies dans le monde en développement et presque terminée dans certaines parties, tarde à décoller sur le continent. Malgré la mise en place des politiques et des programmes de vulgarisation des méthodes de planification familiale, la prévalence contraceptive reste faible dans de nombreux pays. L'organisation des Nations Unies (2012) estime en effet à 25% la proportion des femmes en âge de procréer vivant en union et désirant espacer ou limiter leurs naissances n'utilisant aucune méthode contraceptive moderne. Vu l'importance de la contraception dans l'amélioration de la santé maternelle et infantile à travers notamment la prévention des grossesses non désirées ou trop rapprochées, la compréhension des fondements à l'origine des disparités observées ainsi que leur évolution constituent dès lors une question préoccupante. Cette étude a pour objectif d'identifier la principale source du changement des besoins en planification familiale non satisfaits en Afrique subsaharienne. Il s'agit, en d'autres termes, de déterminer si les transformations qui ont cours sur le continent résultent d'une simple recomposition sociale, ou alors d'un changement de comportement indépendamment du statut social. Pour ce faire, les données d'Enquêtes Démographiques et de Santé (EDS) sont utilisées et la méthode de décomposition est recourue en vue d'estimer et d'identifier les sources du changement. L'analyse de décomposition montre que les transformations observées sont pour l'essentielles intrinsèques aux individus et la recomposition sociale n'y contribue que dans une moindre mesure. Par ailleurs, ce sont les femmes issues des couches sociales défavorisées, en l'occurrence sans instruction, qui contribuent le plus aux changements. Quel que soit le type de pays (avancé ou non), les politiques de planification familiale jouent un rôle majeur dans les changements de comportements observés, aussi bien en ce qui concerne la régulation que pour ce qui est de la limitation des naissances. Cependant, on note que, dans les pays moins avancés, la persistance de pesanteurs socioculturelles annihile les efforts déployés jusqu'ici. Il parait donc nécessaire, pour une meilleure efficacité des politiques de PF dont les répercussions sur la transition de la fécondité seraient indéniables, de mieux prendre en compte l'environnement social dans lequel ces politiques interviennent.

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État et normes familiales
mercredi 22 juin 2016