Programme du Colloque



XVIIIème Colloque de l'Aidelf

Danielle Gauvreau Université Concordia, Canada
Benoît Laplante (INRS-UCS)

Baby-boom et familles: contrastes culturels et sociaux au Québec et au Canada

Résumé:
J. van Bavel et D. Reher ont publié en 2013 un article important qui invite à revoir les explications reçues sur les causes du baby-boom. Ils proposent de le faire notamment en profitant des micro-données des recensements du XXe siècle auxquelles les chercheurs ont accès depuis peu. On associe généralement le baby-boom à l'augmentation de la fécondité, implicitement comprise comme l'augmentation de la fécondité des couples mariés. Dans sa monographie du recensement de 1961, J. Henripin avait montré que ça n'était pas le cas au Québec où le baby-boom était essentiellement dû à l'augmentation de la nuptialité alors même que la fécondité des couples mariés continuait à baisser. La méthode de décomposition qu'utilisait Henripin ne permet pas de mener une analyse plus fine. On sait pourtant que la population du Québec n'est pas homogène et que les conduites liées à la nuptialité et à la fécondité ont varié et varient toujours en fonction de l'origine ethnique, de la religion et de la classe sociale en plus, bien sûr, de ne pas toujours être identiques pour les deux sexes. Nous utilisons les micro-données des recensements du XXe siècle ainsi que celles des enquêtes rétrospectives sur la famille de Statistique Canada pour examiner comment ces comportements ont varié, au cours du baby-boom, en fonction de l'appartenance ethno-religieuse et du niveau d'éducation. Pour compléter l'analyse, nous comparons le Québec et l'Ontario. Nos résultats montrent que l'âge au mariage diminue dans tous les groupes, mais qu'il s'agit là du seul changement généralisé. Les autres transformations du processus de formation de la famille sont le fait d'un seul groupe ou de certains groupes spécifiques. Le célibat définitif, traditionnellement élevé chez les catholiques et encore plus chez les femmes, diminue considérablement dans ce groupe. La descendance finale des femmes mariées augmente dans les groupes où elle avait chuté presque au seuil du remplacement des générations mais elle diminue dans les groupes où elle était encore élevée au début du baby-boom, notamment chez les francophones catholiques du Québec. Ultimement, cette évolution différentielle a conduit à une plus grande homogénéité culturelle et sociale des comportements, et même à un renversement des écarts de fécondité entre le Québec et l'Ontario.

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Entre baby boom et baby bust
vendredi 24 juin 2016