XVIIIème Colloque de l'Aidelf
Pascale Dietrich-Ragon INED, France
L'entourage familial des personnes en situation de précarité résidentielle Force et faiblesse des liens familiaux dans l'exclusion du logement
Résumé:
Cette proposition de communication porte sur le rôle de l'entourage familial dans le processus de marginalisation mais aussi de réinsertion résidentielle. Elle s'appuie sur l'enquête réalisée par l'INSEE en 2012 auprès des personnes fréquentant les structures d'aide aux sans-domicile, ainsi que sur une enquête ethnographique effectuée à la direction du logement et de l'habitat de la mairie de Paris dans le service d'accueil des demandeurs de logements sociaux. Dans un premier temps, il s'agira de montrer en quoi le manque de soutien des proches est à l'origine de la précarité résidentielle. Pour diverses raisons (difficultés durant l'enfance, divorce, migration
), les personnes fréquentant les services d'aide ont vu leurs liens familiaux se distendre. Privées d'une famille aidante, elles se retrouvent dépendantes des institutions pour se loger ou à la rue quand elles passent au travers des mailles du filet de la prise en charge. De surcroît, la précarité résidentielle accroit encore leur isolement familial en contribuant à la rupture des liens et à l'implosion du foyer. Dans un deuxième temps, l'attention se portera sur les conditions du recours au logement social, principale échappatoire à la privation de logement, et le rôle des liens familiaux dans cette démarche. Moins les personnes sont isolées, plus elles sollicitent le logement social, et l'inscription sur la liste des demandeurs est largement portée par les mères qui se battent pour la reconstitution du foyer. A l'inverse, ceux qui ne bénéficient pas de cet entourage ne font pas valoir leurs droits. La privation de domicile est donc une conséquence de la pauvreté, mais elle résulte aussi de la perte des protections liées aux structures familiales.
Dans un contexte où le logement social représente l'une des rares portes de sortie face à la rue, le fait que le recours à cet habitat s'inscrive dans un processus de mobilisation des liens familiaux permet de mieux saisir l'impasse dans laquelle se trouvent certaines personnes sans-domicile ou mal-logées. D'un côté, elles ont rompu les liens avec le clan familial, ce qui a conduit à leur marginalisation résidentielle ; de l'autre, sans l'aide de cet entourage, elles sont en difficulté pour se réinsérer sur le marché résidentiel. Au contraire, les personnes en perte d'autonomie mais qui parviennent à un moment donné de leur trajectoire à remobiliser un entourage aidant sont celles qui ont le plus de chances de s'en sortir.
Familles et vulnérabilités
jeudi 23 juin 2016