XVIIIème Colloque de l'Aidelf
Marianne Kempeneers Université de Montréal, Canada
Les solidarités familiales ou l'élargissement obligé du concept de famille
Résumé:
La diversification des formes familiales amène de plus en plus à interroger les critères statistiques officiels de définition de la famille, le critère résidentiel entre autre, qui ne rendent que très partiellement compte de la réalité de ce qui « fait famille », de ce qui relie entre eux les membres de ce qu'on appelle une « famille ». De ce point de vue, les solidarités familiales constituent un angle privilégié d'observation, ouvrant à d'autres façons de définir la famille et ses dynamiques. Nous proposons ici d'interroger les liens concrètement entretenus entre les membres du réseau familial, liens de sociabilités et de solidarité déployés au fil du temps, en particulier aux différentes étapes du parcours de vie susceptibles de mobiliser des solidarités (petite enfance, périodes difficiles, vieillesse) : liens entre parents et enfants adultes, avec les grands-parents et avec la fratrie. Dans quelle mesure le processus d'urbanisation, la taille du réseau, la proximité géographique entre ses membres, le niveau d'éducation contribuent-ils à dessiner des modalités singulières d'être en lien et d'adhérer à une culture familiale donnée ? Autant de questions qui seront discutées ici.
Nous ferons appel pour cela aux données de l'enquête Biographies et solidarités familiales au Québec menée à Montréal en 2004. Celle-ci avait pour but d'analyser les transformations des solidarités familiales au Québec à travers trois générations, en lien avec les transformations concomitantes du monde du travail et des régimes de protection sociale. Grâce à un questionnaire biographique multidimensionnel mis au point de concert avec des partenaires de l'Institut National d'Études Démographiques (Ined, Paris), elle a permis de reconstituer la trajectoire familiale, professionnelle et résidentielle de 500 hommes et femmes nés au Québec entre 1934 et 1954, celle de leurs parents et celle de leurs enfants. Ainsi les répondants, outre d'avoir traversé eux-mêmes un demi ou trois-quart de siècle, racontent l'histoire des générations nées au début du siècle quand il est question de leurs parents et celle des générations nées au début des années 2000 quand il s'agit de leurs petits-enfants. Le long terme est ainsi résolument privilégié dans notre démarche.
Ménages, familles : de quoi parle-t-on?
jeudi 23 juin 2016