XVIIIème Colloque de l'Aidelf
Paul Majérus UCLouvain, Belgique
La dé-standardisation des parcours de vie peut-elle expliquer en partie l'augmentation des inégalités matrimoniales de mortalité en Belgique?
Résumé:
Les valeurs élevées de l'espérance de vie en Belgique occultent d'importantes inégalités entre différents groupes de populations. De nombreuses études européennes ont mis en évidence la corrélation qu'il peut exister entre le niveau socioéconomique d'un groupe d'individus et la mortalité qui s'y rapporte (Link & Phelan 1995, Phelan et al. 2004, Phelan et al. 2010). Parallèlement, nous constatons depuis plusieurs décennies une croissance des inégalités de santé (Martikainen et al. 2001, Valkonen et al. 2004, Borrell et al. 2008).
En plus des principaux facteurs sociaux générant des inégalités de mortalité, le statut matrimonial joue un rôle non négligeable qui a pu être mis en évidence dans de nombreux pays européens, tels que la France (Nizard & Vallin 1977) ou l'Allemagne (Brockmann & Klein 2004). Les études existantes indiquent que le système familial classique de type nucléaire présente des atouts favorables pour la santé.
Pour prendre l'entière mesure de l'augmentation des inégalités matrimoniales de mortalité, un regard transversal sur la question ne suffit pas, car l'âge des individus lors des différents évènements, le nombre de ces évènements et les délais ayant court entre eux semblent influencer la mortalité des individus concernés. Cela est d'autant plus important que nous observons depuis plusieurs années un processus de fragilisation des situations familiales caractérisé, entre autres, par une moindre fréquence des mariages et une augmentation des divorces et séparations, ainsi que par la multiplication de nouveaux modèles familiaux parfois synonymes d'isolement (Lesthaeghe & Surkyn 2006).
Cette communication vise à proposer un état des lieux des inégalités de mortalité selon le statut matrimonial en Belgique sur la période 1991-2011. L'hypothèse de travail étant que l'augmentation des inégalités de mortalité selon ce statut peut s'expliquer en partie par une diversification croissante des configurations familiales.
Nous travaillerons sur les données exhaustives du Registre National que nous couplons avec des données d'ordre socioéconomiques issues des recensements de 1991 et 2001. L'aspect continu de ces données nous permet de réaliser des analyses biographiques pointues pour compléter les résultats obtenus par régressions.
En comparant les risques de mortalité propres à différents parcours de vie matrimoniale standards avec la mortalité des individus aux parcours de vie plus inhabituels et variant, nous espérons constater, qu'à statut matrimonial équivalent, les individus au parcours de vie plus mouvementé connaissent des risques de mortalité plus élevés et que, parallèlement, nous observons une augmentation de ce type de parcours non-standards.
Parcours familiaux et santé
vendredi 24 juin 2016