Programme du Colloque



XVIIIème Colloque de l'Aidelf

David Pelletier Université de Montréal, Canada
Solène Lardoux (Université de Montréal, Canada), Yentéma Onadja (ISSP, Burkina Fasso)

Le choix de l'arrangement résidentiel des enfants lors de la séparation des parents

Résumé:
Au moment de leur rupture, les parents doivent faire le choix (ou s'en voir imposer un) d'un arrangement résidentiel pour leurs enfants. Les recherches portant sur les facteurs, notamment socioéconomiques, influençant cette décision sont en majorité américaines et celles-ci se concentrent essentiellement sur la période entourant le divorce et sur les ordonnances de garde émises par les tribunaux. Or, cette posture analytique a plusieurs limites. Il y a d'abord un enjeu de sélection des répondants : les enfants de couples non mariés sont exclus d'amblée de l'analyse puisqu'ils n'entament tout simplement jamais de procédures de divorce. Ensuite, l'emphase sur les ordonnances légales est questionnable puisque : 1) il existe souvent un décalage entre le lieu de résidence légalement visé par l'ordonnance et le lieu de résidence réel des enfants ; 2) cela laisse de côté toute la période entre la séparation du couple et le divorce officiel, période de plusieurs mois, voire années, durant laquelle des arrangements de garde temporaires doivent être mis en place. À partir des données de l'Étude longitudinale du développement des enfants du Québec (ÉLDEQ) qui suit une cohorte d'enfants entre leur naissance (1998) et leur 15e anniversaire (2013), nous souhaitons identifier les facteurs familiaux et individuels associés au choix initial d'arrangement résidentiel au moment de la séparation des parents, peu importe leur état matrimonial. Pour ce faire, nous utilisons un modèle logit multinomial avec une variable dépendante comportant quatre catégories : garde à la mère avec peu ou pas de contacts père-enfant, garde à la mère avec contacts père-enfant réguliers, garde partagée 50/50, garde au père. Malgré notre approche analytique différente, nos résultats préliminaires semblent confirmer ceux des études antérieures : la résidence alternée est davantage retenue par des parents plus fortunés, plus actifs et plus éduqués, et dont les enfants vont déjà à l'école (> 5 ans) au moment de la séparation. Le genre des enfants et l'état matrimonial des parents ne semblent toutefois pas liés à ce choix. Une conséquence possible de ce différentiel socioéconomique entre enfants en résidence alternée et enfants en garde exclusive est d'alimenter la fracture sociale entre les enfants de milieux défavorisés et favorisés. En effet, les parents de ces derniers se séparent non seulement moins, mais quand ils le font ils conservent plus souvent un contact fréquent avec leur enfant, ce qui facilite l'accès direct aux ressources parentales de même qu'aux ressources du réseau familial élargi.

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Les parentalités à l'épreuve de la séparation
mercredi 22 juin 2016