Programme du Colloque



XVIIIème Colloque de l'Aidelf

Agnès Adjamagbo IRD, France
Anne Attané (IRD, France), Norbert Kpadonou (Université Catholique de Louvain, Belgique) Marie-Reine Toudeka (URD, Bénin)

Solidarités entre conjoints dans les villes africaines Focus sur les formes contemporaines de conjugalité à Cotonou, Lomé et Ouagadougou

Résumé:
En Afrique de l'Ouest, les taux d'activité des femmes sont aujourd'hui très élevés comparés à d'autres parties du continent. Plus de 60% des femmes travaillent (trois fois plus qu'en Afrique du Nord par exemple). Dans les villes côtières en particulier, l'activisme économique des femmes est un phénomène réputé et la dextérité des commerçantes œuvrant sur les grands marchés urbains est unanimement reconnue. Du fait de son caractère très informel, le travail des femmes constitue à l'échelle des nations un gain souvent sous évalué. A l'échelle des ménages, les revenus qu'il génère sont une véritable soupape de décompression pour les budgets tendus, alourdis par des charges de plus en plus élevées. A la fin des années 1990, Thérèse Locoh (1996) qui s'intéresse alors à l'effet de la crise économique sur les relations entre les femmes et les hommes en Afrique subsaharienne, au niveau micro social des familles, parle de l'émergence d'un type de couple solidaire et convivial, uni dans la réalisation d'objectifs communs qui rompt avec le modèle dominant caractérisé par une faible coopération des conjoints et l'absence de partage de décision. Vingt ans après les conclusions de Thérèse Locoh, nous proposons d'interroger ce résultat prédictif en étudiant les formes de conjugalité observées dans trois grandes villes d'Afrique de l'Ouest : Lomé au Togo, Cotonou au Bénin et Ouagadougou au Burkina Faso, sous l'angle du partage des ressources et des stratégies d'épargne et d'investissement. Notre objectif est de dresser le profil des formes de conjugalités contemporaines en se centrant sur les stratégies d'épargne et d'investissement des couples. Il s'agit de tester l'hypothèse d'une généralisation des couples de type associatif dans des contextes économiques fluctuant et d'en analyser les singularités. Les données utilisées sont tirées d'une enquête réalisée simultanément à Lomé, à Cotonou et à Ouagadougou (en décembre 2012) dans le cadre du programme FAGEAC . Les premiers résultats confirment que les femmes contribuent aux dépensent du ménage même si certaines dépenses qualifiées de souveraines dans le contexte ouest africain (loyer, électricité) restent largement à la charge des hommes. Les dépenses personnelles sont à la charge de chaque conjoint mais les femmes déclarent davantage recevoir une aide de leur époux pour y faire face que l'inverse. Les stratégies d'épargne et d'investissement sont résolument individuelles, ce qui semble nuancer l'hypothèse de Thérèse Locoh d'une coopération conjugale (1996), du moins sur le plan économique.

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Économie de la relation conjugale
vendredi 24 juin 2016