Programme du Colloque



XVIIIème Colloque de l'Aidelf

Mathieu Ichou Ined, France

La force des liens forts : les effets scolaires spécifiques des fratries dans les familles immigrées

Résumé:
L'objectif de cette communication est d'interroger empiriquement la relation entre les configurations des fratries et la réussite scolaire des enfants dans les familles immigrées. Dans la population générale, un résultat quasi-constant des études existantes est l'« effet » négatif d'appartenir à une fratrie nombreuse et d'être un cadet sur le parcours scolaire des enfants. Il s'agit, ici, de discuter de la généralité de ces relations statistiques. En utilisant les données des Panels 1997 et 2007 du ministère de l'Éducation nationale et l'enquête Formation et qualification professionnelle (FQP) 2003 de l'INSEE, j'analyse les effets d'interaction, sur les trajectoires scolaires des enfants, entre les configurations de la fratrie (en particulier, taille et rang de naissance) et l'origine migratoire. Ces analyses mettent en évidence que, contrairement aux enfants de natifs, les enfants d'immigrés ne pâtissent pas scolairement d'appartenir à une fratrie nombreuse et leurs résultats scolaires ne souffrent pas non plus quand ils sont les cadets de leur fratrie. Je teste la robustesse de ces résultats qui remettent en cause la généralité de relations statistiques établies de longue date en utilisant plusieurs spécifications supplémentaires : - des modèles à effets fixes au niveau de la famille, autorisés par la structure des données de FQP 2003 (voir, par exemple, Black, et al. 2005). - des modèles à variable instrumentale dans lesquels la taille de la fratrie est instrumentée par la composition sexuée des premiers enfants (voir Conley & Glauber, 2006 ; de Haan, 2010). - des modèles qui utilisent un index du rang dans la fratrie, construit pour être décorrélé de la taille de la fratrie (voir Booth & Kee, 2009). L'interprétation d'entretiens qualitatifs, effectués dans le cadre de ma recherche doctorale, ainsi que la lecture de travaux existants (Henriot-van Zanten, 1990, p. 130 ; Lahire, 1995, en particulier les portraits 13 et 17 ; Zehraoui, 1998, p. 251 ; Santelli, 2001, p. 183-184 ; Moguérou et al., 2014, p. 57) permettent de comprendre les processus sociaux qui rendent compte de ces relations statistiques spécifiques. De manière générale, la place des frères et s?urs dans la socialisation familiale des enfants d'immigrés donne tout son sens à l'affirmation selon laquelle, en termes de socialisation, « la famille ne se réduit pas au couple parental » (Darmon, 2010, p. 51).

Contexte familial de la (non)-scolarité
mercredi 22 juin 2016