XVIIIème Colloque de l'Aidelf
Milan Bouchet-Valat Ined, France
Âge de première mise en couple et diplôme du conjoint : un rapprochement partiel entre hommes et femmes (France, cohortes 1920-1970)
Résumé:
Les modes de première de mise en couple des hommes et des femmes sont traditionnellement assez contrastés, de fait de différences concernant l'âge d'entrée en cohabitation, la durée de la scolarité, le service militaire ou encore l'entrée dans la vie active. Les analyses classiques du choix du conjoint ont par ailleurs mis en évidence une tendance à l'hypergamie féminine, c'est-à-dire à la supériorité de l'homme au sein du couple en termes de diplôme autant que de statut professionnel, qui se conjugue à un plus fort célibat des femmes les plus diplômées et des hommes les moins diplômés. Néanmoins, ce modèle valable pour les cohortes nées jusqu'aux années 1950 a été profondément remis en question par l'augmentation du niveau d'éducation et de l'activité professionnelle féminine et le développement de la cohabitation hors mariage (Bouchet-Valat, 2015, à paraître dans la revue Population).
Cette présentation vise à approfondir la signification de cette évolution des différences genrées de mise en couple en étudiant l'effet de l'âge sur les chances d'entrée en première cohabitation des hommes et des femmes, et plus précisément sur le diplôme de leur conjoint. Nous recourons pour cela à un modèle de Cox à risques concurrents et à variables dépendantes du temps, à partir des données des enquêtes Biographies et entourage (Ined, 2001) et Étude de l'histoire familiale (Insee/Ined, 1999).
Nos résultats confirment le modèle classique en montrant que, pour les cohortes nées avant la Seconde Guerre mondiale, les chances de se mettre en couple avec un conjoint fortement diplômé augmentaient fortement avec l'âge chez les hommes, alors qu'elles croissaient plus modestement, avant de diminuer légèrement après 25 ans, pour les femmes ? et, ce, même une fois contrôlé le niveau d'éducation de l'individu et son statut de scolarisation une année donnée. Cependant, contrairement à certaines présentations, les chances des femmes de rencontrer un conjoint très diplômé étaient loin de chuter de manière radicale avec l'âge, et demeuraient toujours supérieures à ce qu'elles étaient à 20 ans. La situation des cohortes nées dans les années 1960 est très différente : si l'évolution avec l'âge observée chez les hommes persiste, celle observée chez les femmes s'en est nettement rapprochée, même si la convergence est loin d'être achevée. Nous expliquons ces tendances par la structure de la population des célibataires du sexe opposé à chaque âge, qui découle de la distribution des âges de mise en couple et du célibat définitif par diplôme.
Formation des couples
jeudi 23 juin 2016