Programme du Colloque



XVIIIème Colloque de l'Aidelf

Carole Bonnet Ined, France
Bruno Jeandidier (Université de Lorraine, France), Anne Solaz (INED, France)

Prime et pénalité salariales à la vie en couple : mariage versus cohabitation

Résumé:
En cas de divorce, le juge peut décider l'attribution, par un des deux conjoints à l'autre, d'un capital, la prestation compensatoire, ayant pour objet de « compenser » le conjoint qui serait lésé au moment de la rupture car il aurait davantage investi dans la production domestique (en se désinvestissant du marché du travail). Cette prestation, seulement destinée aux couples mariés, fait l'objet de nombreuses discussions comme celle de son éventuelle extension aux couples non mariés. Toutefois, une telle extension supposerait que les couples mariés et non mariés soient proches en termes de spécialisation des tâches (marchande versus domestique). Qu'en est-il ? Cette recherche se propose de comparer la division du travail entre conjoints et plus particulièrement les salaires des hommes et des femmes selon la forme d'union qu'ils ont choisie. Une abondante littérature empirique a mis en évidence que les hommes mariés bénéficiaient de meilleurs salaires tandis que les femmes mariés étaient pénalisées en partie en raison de la spécialisation des rôles conjugaux. Jusqu'au début des années 2000 environ, ces analyses reposaient pour l'essentiel sur une comparaison entre les individus mariés et ceux qui ne se sont jamais mariés mais rares étaient les travaux prenant en compte les unions non mariées. Avec la diffusion de la cohabitation, les couples cohabitants ont aujourd'hui des caractéristiques proches de celles des couples mariés : unions plus stables, avec un ou des enfants, etc. L'enjeu de notre recherche est double : d'une part, chercher à déterminer si la mise en couple est toujours à l'origine de primes et de pénalités salariales, d'autre part, tenter de tester l'hypothèse selon laquelle ces primes et pénalités seraient plus fortes dans le cas du mariage relativement à la cohabitation. La réponse à cette seconde question permettrait d'éclairer les débats actuels sur la prestation compensatoire dans la mesure où l'existence d'une différence pourrait contribuer à justifier (ou critiquer) le fait que seuls les membres mariés subissant une pénalité peuvent y prétendre. Notre analyse s'appuie sur l'exploitation de données de l'enquête rétrospective Familles et Employeurs 2005. Sur un échantillon de près de 5700 individus qui vivent en couple, nous comparons les taux de salaires des individus selon le mode d'union, tout en tenant compte de leurs trajectoires conjugales et professionnelles. Travailler sur un échantillon de couples permet en outre d'estimer l'écart de salaires entre conjoints selon le statut conjugal.

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Formes de la vie conjugale
mercredi 22 juin 2016