Programme du Colloque



XVIIIème Colloque de l'Aidelf

Stéphanie Condon Ined, France
Carole Beaugendre (INED, France)

Contre vents et marées : faire couple aux Antilles

Résumé:
Les recherches sur les dynamiques familiales des sociétés antillaises soulignent la particularité d'un système familial basé sur la monoparentalité, souvent expliqué par la fragilité du lien conjugal (Gautier, 2004 ; Giraud, 1997 ; Lefaucheur et Brown, 2011 ; Mulot, 2013). Des enquêtes de l'Ined menées pendant les années 1960-1970 (Leridon, Zucker et Cazenave, 1970 ; Leridon et Charbit, 1980) ont montré que si une grande proportion de femmes connait une situation de mère seule à un moment de son parcours, les familles monoparentales ne sont pas toujours la forme dominante de ménage. En effet, la vie en couple aussi est une réalité aux Antilles. D'après l'enquête MFV (Migrations-Famille-Vieillissement dans les DOM) menée en 2009-2010, environ la moitié des personnes de 18-79 ans déclarent vivre en couple. Toutefois on observe de nettes différences entre les femmes et les hommes et selon l'âge. En Guadeloupe et Martinique, passé 40 ans, les hommes sont plus souvent en couple que les femmes (par exemple, pour la Guadeloupe les proportions respectives sont de 70 % et 50 % ; données MFV). L'ambition de cette communication est de mieux comprendre les relations croisées entre dynamiques conjugales et pratiques socioculturelles. Qui sont les couples « durables » aux Antilles et quel est le degré d'entente conjugale? Qu'est-ce qui conditionne la forme de vie en couple ? Est-ce que l'on constate des évolutions au cours des générations ? L'enquête permet de réinterroger ces questions et renseigne notamment sur les formes d'union (couples cohabitants ou non, relation amoureuse suivie), la durée des unions, la place du mariage, etc. ; elle apporte également des éléments d'analyse sur l'entente conjugale, ainsi que sur les aspects de la trajectoire ou les pratiques socioculturelles pouvant influencer la forme de couple comme le vécu familial pendant l'enfance, les pratiques religieuses ou encore l'expérience migratoire. Au centre du regard sur ces sociétés l'on retrouve les rapports de genre et notamment leur expression dans le cadre des relations de couple. Dans un contexte où le risque de survenue des violences au sein du couple est souvent décrit comme particulièrement élevé, la connaissance des dynamiques conjugales est une étape nécessaire avant de conduire une nouvelle enquête spécifique pour étudier ce phénomène (Condon, 2014).

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En couple mais pas trop
vendredi 24 juin 2016