Programme du Colloque



XVIIIème Colloque de l'Aidelf

Ceren Inan Sies, France

Le travail des 15-20 ans en France : effets croisés de la structure familiale avec le milieu socio-professionnel et les choix de parcours scolaire.

Résumé:
Le travail des jeunes est souvent appréhendé après la fin des études et en rapport avec le départ de chez les parents. Si l'emploi est une condition de l'émancipation des jeunes, celui-ci est déjà expérimenté sous ses différentes formes par une partie des jeunes vivant encore chez leur parent. Dans ce contexte, cette étude aborde, à travers les enquêtes Emploi de la période 2006-2012, la complexité des relations existantes entre la structure familiale et le statut socio-professionnel des parents, d'une part, et les choix de parcours scolaire de l'enfant, d'autre part. Nos résultats montrent que les enfants appartenant à des familles monoparentales, notamment ceux vivant uniquement avec un père, sont plus souvent en emploi que leurs paires vivant avec leurs deux parents. Cette différence ne s'explique que partiellement par la surreprésentation des familles monoparentales parmi les milieux populaires (non-issus de l'immigration), notamment dans le rural et parmi les catégories socioprofessionnelles modestes. Dans ces milieux les enfants suivent plus souvent des études dans des filières professionnalisantes et, même lorsqu'ils ne sont pas issus de ces filières, connaissent plus souvent une interruption « précoce » de la formation initiale (à l'âge de fin de la scolarité obligatoire, à l'obtention du baccalauréat, en cours de parcours post-bac, ...) ce qui augmente la probabilité des enfants d'occuper un emploi. Cependant, quand l'analyse est réduite aux seuls enfants ayant terminé leurs études, on observe une plus grande probabilité d'être en emploi pour les enfants lorsque ceux-ci vivent avec leur deux parents, mais aussi lorsque la personne de référence du ménage n'est pas un inactif, ni un chômeur. Ainsi, comparés aux autres enfants, les enfants des familles monoparentales entament leur vie active plus jeune. Mais, parmi les jeunes actifs, ils ont plus de difficulté à accéder à un emploi. Enfin, notre étude identifie des effets d'interaction entre la structure familiale et le statut socio-professionnel des parents, d'une part, et les choix de parcours scolaire de l'enfant, d'autre part (en cours). Notamment, les jeunes actifs vivant uniquement avec leur mère inactive ont moins de chance d'accéder à l'emploi que ceux vivant uniquement avec leur père inactif. Ainsi, l'inactivité du parent affecte l'activité de l'enfant de manière différent selon que le parent unique est un homme ou une femme.

Grandir en millieu populaire : de l'enfance à l'orée de l'âge adulte
mercredi 22 juin 2016