Programme du Colloque



XVIIIème Colloque de l'Aidelf

Nathalie Mondain Université d'Ottawa, Canada

Migration, transnationalisme et reproduction sociale. L'influence de la situation familiale sur la décision de migrer des femmes sénégalaises.

Résumé:
Malgré un intérêt croissant pour les caractéristiques des femmes migrant à l'international, peu d'études ont jusqu'à présent examiné les motivations et les conditions dans lesquelles certaines femmes migrent qu'il s'agisse de leur décision personnelle ou d'un processus dans lequel elles se retrouvent sans grand pouvoir pour affirmer leurs choix. De même les effets de la migration, essentiellement masculine, sur celles qui restent qu'elles soient épouses de migrants ou non restent encore peu appréhendés. En effet, dans des sociétés fondées historiquement sur un système patriarcal comme chez les Wolof au Sénégal où les femmes sont essentiellement définies à travers leurs rôles d'épouses et de mère, on peut s'interroger dans quelle mesure, dans le monde globalisé contemporain, celles-ci sont à même de développer leur propre projet économique migratoire ou non. Des changements importants ont marqué les générations successives de femmes, surtout en milieu urbain, depuis le milieu des années 1980, période à partir de laquelle les flux migratoires vers les pays européens se sont intensifiés. D'abord perçues comme des épouses, mères ou s?urs, témoins passives des départs vers l'étranger de leurs pairs masculins, ces femmes sont présentées dans les travaux récents au regard de leur dynamisme économique et social, ainsi que de leur mobilité. Ce qui a changé ce sont les caractéristiques des jeunes générations de femmes, plus éduquées, plus ouvertes sur le monde extérieur et leur accès élargi à un marché du travail surtout dominé par les hommes. Ainsi, les femmes migrantes ou non, développent de plus en plus leur propre projet professionnel de manière à s'autonomiser par rapport à leur mari et à leur belle famille à laquelle elles sont rattachées en vertu du principe de résidence virilocale. Comment ces femmes combinent elles leur vie de couple, l'éducation de leurs enfants avec des ambitions plus individualisées de projets professionnels? Dans quelle mesure une « culture migratoire » se transmet elle également auprès des femmes et selon quels processus? Afin d'aborder ces questions, nous allons étudier les parcours de femmes migrantes et non migrantes à Kebemer, une petite commune dans le département de Louga. Nous analyserons les discours issus d'une série d'entretiens qualitatifs approfondis réalisés en 2012-2013.

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Genre et migrations
mercredi 22 juin 2016