Programme du Colloque



XVIIIème Colloque de l'Aidelf

Céline Le Bourdais Université McGill, Canada
Sung Hee Jeon (Statistique Canada, Canada), Shelley Clark (Université McGill, Canada), Évelyne Lapierre-Adamcyk (Université de Montréal, Canada)

Conséquences économiques de l'instabilité des couples au Canada: contraste entre les femmes mariées et cohabitantes

Résumé:
Cette communication examine l'évolution du revenu des femmes qui divorcent et de celles qui mettent un terme à une union libre. Elle vise à évaluer grâce à la comparaison de deux cohortes si l'écart entre les divorcées et les cohabitantes s'est résorbé au fil des années. Elle tente aussi de voir si les différences ont la même intensité selon le degré de diffusion de l'union libre dans la société. Le Canada se prête bien à cet exercice, car le Québec se distingue des autres régions canadiennes par une forte présence de l'union libre. Les données correspondent à un sous-échantillon de la Banque de données administratives longitudinales (DAL) développée par Statistique Canada, à partir des déclarations de revenu annuelles. L'analyse comparative entre les femmes mariées et cohabitantes, âgées de 25-44 ans, se fonde sur le ?revenu familial médian ajusté selon la taille de la famille?, avant la séparation et au cours des cinq années suivantes pour les femmes dont l'union a pris fin en 1992 et en 2002. Le recours à des modèles à effets fixes permet de neutraliser les effets de la participation au marché du travail, de la présence d'enfants et de la remise en couple. L'analyse montre que le revenu familial de toutes les femmes, mariées ou cohabitantes, subit une baisse importante à la suite du divorce ou de la séparation. Cinq ans après la rupture de l'union, la cohorte de 2002 avait en bonne partie retrouvé son niveau antérieur de revenu, mais ce n'est pas le cas pour la cohorte de 1992. Une fois pris en compte l'effet des facteurs de contrôle, les femmes mariées sont en meilleure situation que les cohabitantes, tant au Québec qu'ailleurs au Canada dans la cohorte de 1992, alors que le contraire est vrai pour la cohorte de 2002, mais seulement à l'extérieur du Québec; dans cette cohorte, aucune différence ne distingue les deux groupes au Québec. On observe un écart plus faible entre les femmes divorcées et les cohabitantes séparées vivant au Québec plutôt qu'ailleurs au Canada, mais seulement pour la cohorte de 2002. Le nombre d'enfants à charge est lié à une réduction du revenu familial, tandis que la participation au marché du travail et la remise en couple entraînent une augmentation du revenu. Enfin, l'écart entre la situation des divorcées et des cohabitantes séparées ne s'est pas réduit avec le temps.

Économie de la relation conjugale
vendredi 24 juin 2016