Programme du Colloque



XVIIIème Colloque de l'Aidelf

Alain Gagnon Université de Montréal, Canada
Lisa Dillon (Université de Montréal, Canada), Marianne Caron (Université de Montréal, Canada)

Destins partagés et influences bio-sociales : le rôle de la famille dans les intervalles intergénésiques au Québec ancien

Résumé:
de haut taux de fécondité et de mortalité. Ce régime démographique a fait l'objet de nombreuses études par les chercheurs du Programme de recherche en démographie historique (PRDH), mettant entre autres en lumière le rôle de la résidence (urbaine ou rurale) et des facteurs socioéconomiques. Depuis lors, de nouvelles avenues de recherche se sont ouvertes, grâce à l'avancement des travaux sur les données longitudinales au sein du Registre de population du Québec ancien, s'étendant maintenant au-delà. Toutes ces données, ainsi que l'application des méthodes de l'analyse biographique, permettent un nouveau regard sur la fécondité des Québécois d'autrefois. Une étude récente a permis de révéler des influences familiales importantes dans les intervalles protogénésiques; les durées entre le mariage et la première naissance sont en effet corrélées chez les sœurs et ces durées dépendent également de la proximité résidentielle entre la bru et sa belle-mère. Les « temps d'attente » similaires entre le mariage et la première naissance chez les sœurs laisse supposer l'implication de facteurs héréditaires alors que l'influence, apparemment positive, de la belle-famille sur la rapidité avec laquelle la bru peut concevoir laisse entrevoir un rôle pour les solidarités sociales, souvent prises pour triviales dans les études de fécondabilité. Cet article se propose de développer plus avant ces analyses en abordant cette fois les intervalles intergénésiques. Là encore, ces intervalles entre naissances sont probablement influencés à la fois par des facteurs environnementaux et biologiques, tous deux pouvant être largement partagés chez les frères et sœurs, incluant la fécondabilité, mais également la susceptibilité au décès infantile, qui conduit à une réduction de l'intervalle intergénésique en favorisant le retour de l'œstrus. En même temps, la proximité résidentielle entre les membres d'une même famille peut faciliter le support mutuel et ainsi réduire en partie les risques de mortalité infantile et favoriser le succès reproducteur. Au moyen de modèles de risque et durée portant sur les femmes nées avant 1750, ce travail met en lumière le rôle de la famille dans les intervalles intergénésiques, et porte une attention particulière à l'évolution des facteurs biologiques ou sociaux dans les parcours de vie, du début à la fin de la vie reproductive. Les modèles proposés incluent des effets aléatoires ou fixes pour prendre en compte l'hétérogénéité interfamiliale non mesurée.

Désir d'enfants et comportements reproductifs
vendredi 24 juin 2016