Programme du Colloque



XVIIIème Colloque de l'Aidelf

Maryse Gaimard Université de Bourgogne, France
Antony Cartier (Université de Bourgogne, France)

Des relations intergénérationnelles modifiées : de conjointe ou fille à aidante

Résumé:
30 % environ des personnes âgées de 60 ans ou plus vivant à domicile reçoivent une aide régulière dans leur vie quotidienne et dans 80 % des cas l'aides est apportée par un membre de la famille, soit le conjoint (45 % des cas), soit un enfant (31 % des cas) et bien souvent une femme. Il existe une grande diversité des situations d'aide et donc d'aidants familiaux qui varient selon plusieurs facteurs. Une enquête longitudinale est en cours en Région Bourgogne Franche-Comté portant sur le suivi pendant cinq ans d'une cohorte d'aidants informels de personnes âgées malades. L'objectif de cette recherche est d'analyser l'évolution de la relation aidant-aidé au fil du temps, la répercussion de la relation d'aide sur la vie quotidienne des aidants et d'étudier comment les aidants vivent les situations de rupture de la relation d'aide (décès de l'aidé, prise en charge par une structure d'hébergement). Ce sont les premiers résultats de cette recherche qui seront présentés. La réapparition de ces solidarités familiales, a fait apparaître de nouvelles identités. La position d'aidant s'ajoute à d'autres rôles sociaux (conjoint, fils, fille, belle-fille) et ce dernier doit se redéfinir dans tous ces rôles. L'entrée dans la relation d'aide est souvent brutale ; l'aidant n'est pas préparé et le choc est parfois violent. Cette instabilité de position sociale crée des tensions de rôles pouvant causer des troubles intrapsychiques. Être aidant, c'est, aussi, faire l'expérience dans la durée de tensions et de contraintes de temps qui amènent les aidants à des choix, des renoncements et un réaménagement de leur vie (loisirs, travail, relations sociales,...). Outre la charge et les tensions associées à l'aide, il ressort que les nouvelles responsabilités que doivent endosser les aidants sont durement ressenties, non seulement au regard de l'aidé mais aussi de toute la famille. La relation familiale peut laisser la place à un sentiment dominé par l'obligation, la contrainte. Il existe, cependant, des effets positifs. L'activité de soutien améliore la complicité avec la personne aidée, favorisant un moment de partage, de dialogue qui rapproche l'aidant de l'aidé. L'activité d'aide peut être considérée comme valorisante : acquisition de connaissances, sentiment d'utilité, d'exercer des valeurs telles que la générosité ou le respect. Ainsi, le rôle d'aidant apparaît gratifiant, procurant de la satisfaction. Face au discours de l'aidant, celui de l'aidé ne traduit pas les mêmes sentiments et se pose souvent en contradiction.

Aidants familiaux et genre
mercredi 29 août 2018