Programme du Colloque



XVIIIème Colloque de l'Aidelf

Alain Thalineau Université de Tours, France
Laurent Nowik (Université de Tours, France)

L'espace habité des personnes en fin de vie et en « bonne santé ».

Résumé:
Si les individus ne choisissent pas leur date de naissance, ils peuvent agir sur celle de leur mort tout en ayant intériorisé une norme d'âge de décès. Au sein des sociétés occidentales, la statistique publique vient régulièrement participer à la création de cette norme en réajustant les valeurs de l'espérance de vie en fonction des milieux sociaux, du sexe et du niveau de diplôme. Quand les individus se rapprochent de cette norme, ils ne sont pas sans ignorer que l'heure arrive, même s'ils n'en connaissent pas le moment exact. Cette incertitude génère diverses inquiétudes sur les conditions de la fin de vie. La crainte des souffrances que les individus pourraient endurer a des effets sur la façon d'envisager l'à venir. Cela concerne en particulier l'espace de vie, conçu pour être le mieux adapté à leur situation. En tenant compte des variables évoquées ci-dessus, notre communication a pour objectif de saisir la relation entre la façon d'appréhender la fin de vie et celle de se situer dans l'espace habité chez les personnes âgées non dépendantes vivant à leur domicile. Notre propos s'appuie sur l'analyse de deux enquêtes : - une première réalisée par questionnaire en 2012 auprès de 1153 personnes vivant en France dans des habitats intermédiaires dédiés aux retraités autonomes (questionnaire complété de 35 entretiens sociologiques) ; - une seconde réalisée en 2015 par l'équipe de recherche AMARE (Cnav, Citères, Ined , Ird) ayant permis d'interviewer 72 personnes âgées de 60 à 88 ans ayant emménagé au cours de l'année précédente en région parisienne, en Touraine ou à La Réunion. Nous prenons alors prétexte à discuter du logement (adapté ou pas) et de la mobilité résidentielle, pour explorer les manières de se projeter dans la fin de vie. Du point de vue de l'habitat, il en ressort que l'attachement au dernier logement est fort, parce que celui-ci est souvent un lieu d'ancrage identitaire ou parce qu'il concentre l'espoir d'échapper à la maison de retraite médicalisée, même si la perte d'autonomie s'installe. Toutefois, cet attachement prend un sens différent lorsque les personnes sont en fin de vie. En effet, nous constatons que l'incertitude quant à la date de la mort s'appréhende différemment selon le sexe, la situation de santé, le statut d'occupation du logement et la façon d'être en relation aux proches, ce dernier aspect étant fortement lié à la position sociale des enquêtés.

Vivre la fin de vie
vendredi 31 août 2018