Programme du Colloque



XVIIIème Colloque de l'Aidelf

Geneviève Cezard Université de St Andrews, Royaume-Uni
Alan Marshall, Nissa Finney, Hill Kulu

Différences ethniques en espérance de vie et espérance de vie en bonne santé en Ecosse : le paradoxe entre santé subjective et mortalité.

Résumé:
Objectif: En Ecosse et dans la plupart des pays développés, le vieillissement des minorités ethniques entraine une diversification des populations âgées. Les différences ethniques de santé et les expériences de santé en fin de vie émergent comme thème important dans la littérature et les débats sur les populations vieillissantes. Cette étude présente les inégalités ethniques de santé en termes d'espérance de vie (EV), espérance de vie en bonne santé (EVBS), santé subjective et mortalité et examine le potentiel paradoxe morbidité-mortalité chez certains groupes ethniques en Ecosse. Matériel et méthode: L'étude SHELS (Scottish Health and Ethnicity Linkage Study) lie les données du recensement écossais 2001, incluant des mesures déclarées d'état de santé et d'ethnicité, à 12 années de mortalité (2001-2013). Suivant les recommandations de l'Office of National Statistics pour les groupes de petits effectifs, les indicateurs EV et EVBS sont estimés sur 3 ans (2001-2004). Les différences ethniques en termes d'état de santé auto-déclaré sont interprétées utilisant les risques relatifs (régression de Poisson) et leur intervalle de confiance (95%) avec pour référence la population majoritaire d'origine écossaise. L'analyse de survie permet d'étudier les différences ethniques de mortalité ainsi que les variations de la relation morbidité ? mortalité par l'ethnicité. La modélisation est stratifiée par sexe et ajustée pour l'âge et les circonstances socio-économiques. Résultats: Les différences ethniques d'espérance de vie montrent un avantage chez les minorités ethniques en comparaison avec la population majoritaire « blanche Ecossaise » (hommes : 74,7 années; femmes : 79,4 années). Cet avantage est particulièrement prononcé chez les hommes d'origine Indienne (80,9 années) et les femmes d'origine Pakistanaise (84,6 années). Les tendances en termes de longévité et mortalité néanmoins diffèrent des inégalités ethniques observées pour l'état de santé auto-déclaré. Par exemple, les populations Pakistanaises déclarent une moins bonne santé pour un même niveau de mortalité par rapport à la population majoritaire. De plus, ce différentiel dans la relation santé subjective et mortalité augmente chez les populations plus âgées et reste inchangé par la prise en compte des circonstances socio-économiques. Conclusion: Cette étude identifie des différences ethniques marquées dans la relation entre santé déclarée et mortalité. Certains groupes ethniques déclarent une moins bonne santé bien que bénéficiant d'un avantage en terme de mortalité. Ce paradoxe est particulièrement prononcé dans la population Pakistanaise en Ecosse. Une recherche approfondie des déterminants de ce phénomène est nécessaire pour planifier des soins adaptés pour l'ensemble des personnes âgées de notre société multi-ethnique.

Vieillir en santé
jeudi 30 août 2018