Programme du Colloque



XVIIIème Colloque de l'Aidelf

Sabrina Aouici Cnav, France
Laurent Nowik (Université de Tours, UMR Citeres, France)

Déménager à la retraite : enjeux de relations et de soutiens

Résumé:
Les représentations dominantes des mobilités résidentielles des retraités se rapportent généralement aux mobilités observées peu après la cessation d'activité. On a parlé de mobilités de confort ou de migrations de retraite pour désigner ces déménagements qui participent à l'entrée dans le « troisième âge » en réorganisant simultanément l'espace et les activités. Concernant la mobilité des baby-boomers, dont les premières générations sont maintenant à la retraite, on évoque une aspiration à la mobilité et, plus largement, des comportements et un rapport à l'espace différents de ceux de leurs aînés. D'après l'Enquête Logement 2013, les raisons liées à la famille (modification de la taille du ménage, rupture conjugale, désir de rapprochement) constituent les motifs de mobilité résidentielle les plus exprimés pour les ménages de 55 ans ou plus. La mobilité résidentielle s'inscrit-elle alors comme un enjeu de relations sociales et de soutiens familiaux dans la perspective du vieillissement ? Les données qualitatives de l'enquête « AMARE » (72 entretiens semi-directifs réalisés en 2015 auprès de retraités ayant connu une mobilité résidentielle récente) permettent d'apporter quelques éléments de réponse. Dans un premier temps, nous aborderons la décision de mobilité au regard de la distance géographique aux proches. Nous faisons l'hypothèse que la mobilité résidentielle est envisagée en fonction de ses possibles incidences sur les sociabilités et solidarités familiales. Comment dès lors évoluent les relations avec les enfants, et plus généralement avec l'entourage familial ? La modification des distances géographiques à l'égard des proches est-elle synonyme d'un renforcement ou d'un affaiblissement de l'entraide familiale ? Dans un deuxième temps, nous analyserons la manière dont les relations de sociabilité (au sein de la famille ou à l'extérieur) se reconfigurent à l'issue du déménagement. Un déménagement en début de retraite s'avère aussi une occasion de renforcer certaines activités ou relations sociales, avec une finalité hédoniste pour certains. Si cette logique s'observe, essentiellement en début de retraite, elle n'est pas la plus répandue. Même si la mobilité résidentielle vise à augmenter le bien-être, notre enquête montre que les individus ne font pas abstraction du jeu des relations de sociabilité dans lequel ils s'inscrivent, et notamment de leurs relations familiales. On repère également de nombreuses mobilités résidentielles où déménager vise à se rapprocher de services marchands ou sociaux. Les retraités semblent donc combiner le plus souvent plusieurs formes de soutien. Cela se détecte aussi bien chez les retraités âgés que chez les plus jeunes.

Forces et fragilité des liens sociaux
vendredi 31 août 2018